Malgré la très nette progression de la musique en streaming et de la Video On Demand (VOD), les revenus mondiaux de droits d’auteur sont toujours inférieurs de 5,3 % à ceux de 2019. Tel est le constat établi par la CISAC, l’organisation faîtière des sociétés d’auteurs, dans son Global Collection Report. Ce rapport pointe à nouveau l’effet désastreux du Covid-19 sur le secteur live. Il souligne l’énorme potentiel de croissance numérique et démontre la nécessité de générer davantage de valeur via le streaming pour les œuvres des créateurs. Par ailleurs, les auteurs belges sont confrontés à de nouveaux défis sur le marché numérique.
Le secteur live à nouveau impacté
Les revenus mondiaux provenant des concerts et festivals continuent de baisser (-29 %) en 2021 pour atteindre un niveau inférieur de 72 % par rapport à celui d’avant la pandémie. Bien que cette baisse soit plus limitée (-16 %) en Belgique en 2021, ils se retrouvent à un niveau comparable (-70 %) par rapport à 2019. Pendant la deuxième année de Covid-19, les revenus des auteurs de théâtre ont fort baissé chez nous (-54,1 %) par rapport au chiffre enregistré au niveau mondial (-13,8 %). La cause de cette baisse est claire : l’impact des mesures restrictives constamment modifiées a une fois de plus été énorme. De nombreuses initiatives n’ont pu être mises en œuvre que sous une forme allégée ou n’ont pas pu être lancées.
La société internationale organisatrice d’événements Live Nation estime toutefois que la situation va s’améliorer. Elle a enregistré une augmentation de 52 % des ventes de billets au premier trimestre de 2022. Selon Live Nation, vivre la musique en direct reste une priorité absolue pour le consommateur dès lors que la vie sociale reprend ses droits. Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, la France et la Belgique, connaissent une évolution similaire. Les prévisions indiquent que le redressement se poursuivra jusqu'en 2024.
Perte de valeur sur le marché numérique
Les droits d’auteur provenant de la consommation de culture numérique et on-line progressent de plus d’un quart (+27,9 %) à l’échelle mondiale. Les raisons en sont évidentes : une forte croissance organique du marché du streaming, une hausse de la consommation de musique via des abonnements, de nouveaux contrats et des contrats renouvelés avec des plateformes digitales telles que YouTube et TikTok, et une croissance forte et constante de la VOD.
Et pourtant, cette croissance ne se traduit pas par un retour proportionnel au profit des créateurs. Ainsi, les prix des abonnements de nombreuses plateformes de streaming et de VOD n’ont pas ou peu augmenté depuis des années, ils sont disproportionnés par rapport à l’offre gigantesque qu’elles proposent et au taux de consommation élevé des consommateurs. Il y a donc un décalage qui se crée entre la valeur que les utilisateurs accordent aux créations des artistes et la valeur qui revient à ceux-ci.
« Les revenus du marché numérique connaissent une croissance énorme et le monde du streaming offre de formidables possibilités. Toutefois, mesuré à l’aune d’un contexte qui puisse permettre aux auteurs d’obtenir une juste rémunération, ce même monde, où des dizaines de milliers d’œuvres créatives sont téléchargées chaque jour, reste inachevé. » conclut Björn Ulvaeus, président de la CISAC et membre du légendaire groupe pop suédois ABBA.
Des revenus du streaming nettement inférieurs pour les auteurs belges
Pour nos auteurs et compositeurs belges, le marché on-line ne prévoit toujours pas une juste rémunération. Au niveau mondial, ce marché représente un tiers des revenus (32,6 %). Au niveau européen, ce chiffre tombe à un quart (27 %) et chez nous, il atteint à peine 5,4 %.
« Le marché belge est petit et diffère au nord et au sud de notre pays. Les algorithmes des multinationales du streaming nous poussent encore trop souvent vers la musique d’artistes internationaux. Nous sommes aussi moins disposés à payer un abonnement de streaming que nos voisins. Cela a un impact négatif sur les revenus de streaming de nos auteurs. Pour que ceux-ci se développent, il est essentiel que nous coopérions avec tous les acteurs du marché afin que les auteurs belges puissent également profiter des avantages offerts par le streaming. » estime Steven De Keyser, CEO de la société d’auteurs Sabam.
La Belgique progresse au classement mondial
En 2021, les revenus de droits d’auteur s’élèvent à environ 9,6 milliards d’euros au niveau mondial. C’est 5,8 % de plus qu’au cours de l’année 2020, mais ce chiffre est toujours inférieur de 5,3 % à celui de 2019, lorsque le Covid-19 n’avait pas encore frappé.
Grâce notamment à la forte progression de la musique en streaming et de la VOD, l’Europe se profile comme le plus grand marché (55,2 %) et le marché qui connaît la croissance la plus rapide (+7,5 %). La Belgique se place, avec 116,2 millions d’euros au compteur, à la 15e position et progresse ainsi de deux places au classement mondial.
Découvrez le rapport complet sur le site web de la CISAC.
À propos de la CISAC
La CISAC – la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et de Compositeurs – est le premier réseau mondial de sociétés d’auteurs. Elle protège les droits et représente les intérêts de créateurs et créatrices de toutes les régions du monde. Avec ses 228 sociétés membres dans 119 pays, la CISAC représente plus de quatre millions d’auteurs couvrant tous les répertoires artistiques : musique, audiovisuel, théâtre, littérature et arts visuels.