Pierre Dumoulin construit sa carrière artistique entre coulisses et lumières. Pas directement sur le devant de la scène, son travail brille pourtant régulièrement sous les projecteurs. Vous connaissez Roscoe ? Vous connaissez Blanche ? Vous connaissez City Lights ? Alors, vous connaissez l’auteur-compositeur Pierre Dumoulin.
La Sabam est fière de vous annoncer son arrivée au conseil d’administration. Focus sur un personnage haut en couleur qui ne cultive pas la langue de bois.
Bienvenue, Pierre, au conseil d’administration de la Sabam ! Comment se passe votre arrivée chez nous ? Avez-vous reçu des conseils de votre prédécesseur ou de vos collègues ? Vous sentez-vous bien entouré pour affronter un tel défi ?
« Merci pour vos mots de bienvenue ! J’ai d’abord été très agréablement surpris par la confiance que m’ont accordée les membres lors de l’AG. C’était la première fois que je me présentais à une élection et je ne suis pas du genre à serrer des mains juste pour me faire élire. Je ne savais donc pas du tout à quoi m’attendre quand le vote est arrivé.
J’ai, en effet, pu compter sur certains « anciens » de la Sabam pour répondre à toutes mes questions et interrogations. Je sais qu’ils sont et seront encore là pour moi dans les mois qui viennent. J’ai également reçu beaucoup de messages de bienvenue et d’encouragement. Donc oui, je me sens bien entouré ! »
En vous basant sur votre connaissance du terrain et du secteur, quelles sont les grandes préoccupations, les menaces, les priorités, et quels sont les points d’intérêt sur lesquels vous voulez travailler en tant qu’administrateur nouvellement élu ?
« Les priorités que j’ai identifiées jusque là sont :
- Le blockchain pour mieux sécuriser et rémunérer. L’enjeu ici est immense mais il convient de gérer cette problématique intelligemment. Cette technologie peut clairement nous aider à faciliter et réduire les délais de la gestion des droits. Il faut répondre à beaucoup de questions : Blockchain ou standardisation des métadonnées ? Blockchain public ou privé ? Faut-il automatiser la rémunération directe des auteurs ?, etc.
- Evidemment, la problématique du transfert de valeur (GESAC) et le combat contre l’impunité des plateformes de partage.
- Un meilleur dialogue entre la Sabam et les autorités compétentes. Les personnalités politiques en charge de nos intérêts ne sont pas assez au fait des problématiques qui nous animent. Il est de notre devoir de créer avec eux une discussion permanente, un échange d’idées qui puisse nous assurer que nos enjeux sont compris et pris en compte par la classe politique.
- Une meilleure relation entre la Sabam et ses clients. Beaucoup d’entre eux (commerçants, organisateurs de manifestations publiques, promoteurs de soirées…) ne comprennent pas les enjeux de leur contribution à la rémunération des auteurs. Ils voient la Sabam comme la police des droits d’auteur. Je crois fermement que cette perception est principalement due au fait qu’ils ne comprennent pas qu’en payant leur facture, ils aident DIRECTEMENT les artistes qu’ils aiment et diffusent.
- En plus de tout cela, je pense qu’il existe une multitude de défis internes qu’il me reste à découvrir une fois que j’aurai le pied dedans»
Nous sommes une société pluridisciplinaire. L’audiovisuel, la littérature, le théâtre, les arts plastiques et visuels occupent également nos services. Quelle est votre vision de ces disciplines artistiques ?
« Pour moi, tout est lié et il ne me semble pas pertinent de les considérer comme des entités complètement différentes. Toutes ces disciplines dialoguent entre elles en permanence. Tout se mélange. Il est donc essentiel de garder en tête qu’un combat mené pour une de ces disciplines artistiques aura inévitablement des répercussions sur les autres. Il faut donc rester vigilant sur chaque dossier»
En 2022, la Sabam fêtera ses 100 ans d’existence ! Comment nous voyez-vous évoluer à l’avenir ? Comment la Sabam va-t-elle se positionner dans les années à venir ?
« J’utiliserais une phrase que j’aime beaucoup ressortir dans les périodes un peu chamboulées : THE BEST IS YET TO COME. La conjoncture financière globale, les nouvelles habitudes de consommation et les conflits internes ont placé la SABAM au cœur de défis essentiels ces dernières années. Je pense qu’à partir d’aujourd’hui, il convient de reconstruire par la base, s’organiser au mieux pour s’adapter à un monde qui a beaucoup changé en très peu de temps mais que nous pouvons maintenant appréhender. Je pense que le bouleversement a eu lieu et qu’il n’y en aura pas d’autre aussi important avant de nombreuses années. Nous savons maintenant avec quelles cartes nous jouons (voir mes défis plus haut), il convient maintenant de jouer la partie intelligemment »
Et votre actu pour les prochains mois ? Si vous nous racontiez…
« Je n’ai pas à me plaindre, j’ai plein de super projets à venir : on continue à écrire avec Blanche pour son premier album, Roscoe prépare son 3ème album et nous venons de décrocher avec notre collectif « Platine » (collectif d’auteurs, compositeurs, producteurs) un chouette contrat pour composer la musique d’un film – comédie musicale complètement barge ! Je ne peux pas en dire plus, mais ca promet ! »