Elle se définit comme “humoriste humaniste”. L’auteure et artiste de standup Zidani était en pleine préparation de son nouveau spectacle quand le premier confinement a été décrété. Elle a présenté sa candidature au fonds Sabam for Culture et reçu un soutien pour traverser cette période délicate. Une aide financière, mais aussi un coup de pouce au moral, témoigne-t-elle.
“Le coronavirus est une tragédie, bien sûr, mais pour moi, l’annonce du premier confinement a presque constitué un soulagement”, relate Sandra Zidani, mieux connue sous son seul patronyme, devenu son nom de scène.
“On nous en demande beaucoup dans notre vie de tous les jours, c’est très intense. En temps normal, je joue plusieurs spectacles en parallèle, ils se bonifient, se nourrissent les uns les autres, s’enrichissent de l’interaction avec le public. J’adore mon travail, mais les demandes annexes – par exemple, il faut être présente sur l’internet, s’y renouveler fréquemment, etc. – prennent beaucoup de temps et d’énergie. Le public ne s’en rend pas forcément compte. Il ne réalise pas non plus à quel point nous travaillons dans une pénurie de moyens. Bref, j’étais à fond. J’avais préparé une assez belle saison… et tout s’est arrêté.”
Au soulagement a rapidement succédé une inquiétude pour la suite. Zidani a vu ses contrats reportés alors qu’avec son ASBL et ses partenaires, qui coproduisent ses spectacles, elle devait financer une création.
“On a dû tout repenser. On a vu que le maintien intégral des dates d’octobre serait impossible, alors on en a reporté 20 à 2022. Il faut être zen pour créer dans de bonnes conditions; or, la période s’est avérée extrêmement stressante, avec des reports en chaîne, des jauges pour les salles suivies de dérogations arrivées assez tard.”
La Sabam a été présente pour les artistes
Quand elle voit qu’elle répond aux critères de l’appel à projets lancé par la Sabam et relayé par la page Facebook de la romancière Sylvie Godefroid, Zidani soumet son futur spectacle, Les Pingouins à l’aube. “Un récit de vie, mais également l’occasion d’une plongée dans l’histoire”, lit-on sur le site de la comédienne. Le spectacle “est aussi un hommage aux invisibles et au monde culturel qui, comme la banquise, semble voué à une possible disparition”.
“J’adore mon travail mais les demandes annexes, comme la présence sur l’internet, prennent beaucoup de temps et d’énergie.”
Zidani est sélectionnée, reçoit une bourse pour la création de ce nouveau one-woman-show et bénéficie d’un versement anticipé d’une aide généralement débloquée au moment où l’auteur.e cotisant.e part à la pension.
“La Sabam a été présente pour les artistes. Ce qu’elle a mis en place a vraiment fait une différence. Pour moi, c’était important parce que, pour une fois, mon travail d’auteure était reconnu et rémunéré comme tel. Moralement, cela a beaucoup compté. Car en général, je suis payée comme comédienne, mais pas pour l’écriture.”
L’auteure bruxelloise se dit “en colère”, cependant: à ses yeux, le Covid- 19 a mis en évidence des lacunes profondes de notre société, et notamment la précarité des artistes.
“En général, je suis payée comme comédienne, mais pas pour l’écriture. Moralement, être rémunérée comme auteure m’a fait du bien.”
“En Belgique, nous n’existons pas, nous les artistes qui n’exerçons pas dans le secteur subventionné. Nous ne bénéficions d’aucune considération, nous sommes tout juste toléré.e.s par les pouvoirs publics. Pourtant, laculture fait, pour moi, partie des trois piliers d’une société qui fonctionne, avec l’enseignement et les soins de santé. Et puisque l’argument économique semble tout dominer, j’ajoute que l’activité du spectacle est importante de ce point de vue aussi! Mais justement, l’obsession des logiques économiques a entraîné un aveuglement collectif: un peu comme pour le nuage radioactif de Tchernobyl en 1986, la Belgique a semblé croire que le virus s’arrêterait à ses frontières. J’espère que nous tirerons collectivement les leçonsde cette crise, que la bienveillance deviendra une valeur centrale, qu’on va se mettre à vivre autrement. C’est quand même frappant que la nature ait regagné du terrain pendant les confinements!”
Lever de rideau en septembre
Privée de scène, Zidani ne manque pas pour autant d’occupations. “En ce moment, comme je ne peux pas jouer, j’écris beaucoup. Je peins aussi, même si je suis moins connue pour cela. Dans tous les cas, qu’on se le dise: le 21 septembre, je jouerai à Mouscron!”
Vous souhaitez découvrir davantage de témoignages et d'interviews ? Lisez le rapport d'activités 2020 de la Sabam.
Photo : © Frédéric Moulaert
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